Un article du Quotidien du médecin
DÉTECTER – Sentir les cancers
Un travail mené chez 74 patients présentant des nodules pulmonaires isolés a souligné l’intérêt du NA-NOSE, un nano-nez artificiel capable de détecter des composés organiques volatiles : il a été fiable à 88 % pour distinguer les nodules bénins des malins. Il a permis d’identifier 86 % des nodules malins, un résultat encourageant mais qui doit encore être affiné.
Dans le mésothéliome également, des travaux évaluent les possibilités de dépistage par le biais de la détection de composés exhalés. Le nez électronique s’est montré capable de donner des résultats positifs dans 80 % des cas dans une étude menée chez 20 patients atteints de ce cancer.
Des études portent aussi sur la capacité de chiens, spécifiquement entraînés, à « flairer » des cancers. Un berger malinois a pu reconnaître les échantillons d’urines de patients porteurs d’un cancer prostatique (attesté par des biopsies), avec une spécificité et une sensibilité de 91 %. Une autre étude a rapporté la capacité d’une femelle retriever à détecter les cancers colo-rectaux sur des échantillons d’air expiré et de selles liquides. La sensibilité du chien a été de 91 % et sa sensibilité de 99 % pour les échantillons d’air expiré. Ces chiffres ont été respectivement de 97 et 99 % pour les échantillons de selles liquides. De façon intéressante, la détection a été plus efficace pour les formes débutantes de cancer et n’a été perturbée ni par le tabagisme, ni par des odeurs d’hémoglobine ou de transferrine, ni par des affections bénignes ou inflammatoires coliques.
Toutes ces données confirment la signature odoriférante de certains cancers, ce qui ouvre bien sûr la voie à de nouvelles modalités de dépistage.
› Dr ISABELLE HOPPENOT