“Bonjour à tous, j’ai lu l’énorme Biographie de Maupassant écrite ( et très bien écrite) par Marlo Johnston, et je voulais partager avec vous une Lettre que Maupassant avait écrite à un ami concernant l’usage du vaccin…(toute situation ressemblante à celle décrite est BIEN évidemment totalement FORTUITE)”
Guy De Maupassant à René Maizeroy, le 9 Mai 1886
” Le 16 Janvier 1853, deux jeunes gens se disaient adieu dans le Port du Havre, l’un d’eux partant pour l’Amérique. Ils furent mordus en même temps par le même chien. Celui qui restait mourut au bout d’un mois. L’autre ne le sut point et demeura quinze ans en Amérique, ignorant absolument ce qu’était devenu son compagnon.
À son retour, au mois de Septembre 1868, il apprit soudain la fin misérable de son ancien ami: il prit peur, et expira trois semaines plus tard avec tous les symptômes connus de la rage.
Alors un savant illustre dont les travaux admirables avaient déjà enthousiasmé la terre, dont les recherches mystérieuses sur la rage inquiétaient et passionnaient depuis des années; et cet homme en qui l’Univers tout entier avait confiance s’est écrié: “Je guéris la rage, j’ai trouvé ce grand secret de la Nature !”
Et il a guéri, en effet, à la façon des Saints qui faisaient marcher les paralytiques par la simple imposition des mains. Il a guéri le monde, il a rendu à la race humaine un des plus grands services qu’on puisse lui rendre: il l’a sauvé de la peur qui tuait comme un mal !
Si la dent du chien peut me communiquer la rage, je crains d’autant plus l’aiguille du savant. Et, en cas de morsure, je serais sauvé par la seule puissance de la statistique, car, à l’exception de quelques personnes, peu de monde est mort de ce contre quoi on veut nous préserver. Personne n’est mort ? Combien en mourait-il donc autrefois ? Bien peu. Dix-neuf par an, disent les chiffres officiels. Et nous savons, par les inoculations récentes de Monsieur Pasteur, que le nombre des gens mordus atteignait entre deux milles et trois milles personnes, alors ? La foi est dans le remède ?
Cette foi dans le remède, beaucoup d’empiriques, beaucoup de charlatans l’ont imposée tout d’abord, dans les campagnes aux paysans simples et crédules, ensuite à une population ayant peur de mourir d’on ne sait quoi exactement; et toujours la guérison miraculeuse se produisit à la suite des remèdes les plus bizarres, plus bizarre que la vaccine, hannetons pilés, écorce de citrouille, yeux de chouette écrasés dans l’huile, etc., etc., car la foi, qui transporte les montagnes, guérit aisément d’un mal qui n’a pour cause que la peur du mal…
Vous prenez un chien enragé que vous faîtes manger par un lapin, vous faites ensuite manger ce lapin par un mouton, le mouton par un rat, le rat par une mouche, la mouche par une araignée et l’araignée par une grenouille.
Ce dernier animal reçoit donc le virus rabique à sa septième puissance et il enrage instantanément. Pour vous guérir si vous êtes en contact avec cet animal, respectez la consigne suivante:
Vous lui enlevez l’œil gauche dont vous extrayez le fluide visuel au moyen d’une seringue à Morphine.
Vous mettez ce fluide dans un petit pot de granit avec cinq gouttes de bave de journaliste, quarante gouttes de salive de pseudo-médecin, dix-huit gouttes nasales d’un Politique, sept larmes d’un candidat à une Académie quelconque, deux milligrammes de sang d’un Banquier, vous faîtes bouillir le tout pendant dix-huit heures, puis vous vous administrez ce remède au moyen d’un petit clystère, le miracle de votre guérison devrait intervenir dans les minutes qui suivent, la peur partant d’elle-même.”