Je laisse la présentation du texte qui va suivre et qui est du très connu magicien Jean MERLIN, telle que Serge Llado l’a faite sur Fesse de bouc. Je n’ai rien à y ajouter. J’ai vécu a minima une autre chose semblable avec ma banque. Les chèques ne sont plus pris au guichet par une personne souriante et heureuse de vous voir apporter votre pognon et de le lui remettre. Au contraire quand la préposée vous voit entrer avec des chèques à la main, elle vous fait la gueule et vous intime d’aller les mettre dans la gueule de l’automate (d’une gueule à l’autre vous finissez par gueuler…) et vous ne pouvez vous plaindre à personne car votre prétendue conseillère ne vous conseillera que la même chose et le dirlo de la banque ne pipe mot et suit la manœuvre. Le personnel est robotisé avant les robots. La préposée a peur de la sous-dirlo qui a peur du dirlo qui a peur de… qui a peur de…etc. de N. T. the so-called big chief qui a peur de…???
Je remercie mon ami Jean Merlin de me permettre de publier son texte sur mon blog, in extenso. Je le fais suivre aussi à ma conseillère bancaire que j’essaie par mes coups de gueule au sein de la banque et aussi épistolaires de sortir d’une routine sclérosante. Je sais que c’est en pure perte mais cela me fait du bien et vaut mieux se marrer que de pleurer sur les chèques (d’ailleurs l’automate refuse les chèques humides…); en même temps je reste persuadé que l’ami Jean va se marrer par personne interposée de savoir que la banque le lit (je n’ai pas écrit, le lie, car Merlin n’est pas Houdini – quoique…)

“Notre ami Jean MERLIN (c’est son vrai nom) est un maître dans le monde des magiciens français. Il a écumé les cabarets pendant un demi-siècle, donne des conférences au Japon, connaît Las Vegas comme sa poche, invente régulièrement de nouveaux tours (que certains confrères s’empressent de lui piquer), publie régulièrement des ouvrages qui font référence. Mais ce n’est qu’un côté de sa personnalité. Passionné de comédie musicale (il va plusieurs fois par an à Londres voir deux à trois spectacles en un week-end), de jazz et de music-hall, il est aussi incollable sur Jacques Brel (qu’il allait, adolescent, voir en matinée à Bobino et dont il possède tous les enregistrements, même les plus rares) que sur Barbara, Thelonious Monk, Sondheim, Rodgers, Hammerstein et j’en passe…
Ajoutez à ça que, depuis plusieurs décennies, nous sommes quelques privilégiés à fréquenter sa table qui n’a rien à envier à celles de certains grands chefs. Et ce n’est pas tout : débordant de gadgets incroyables venus de tous les pays (qui avaient provoqué l’émerveillement de l’éternel adolescent qu’était Ricet Barrier), les étagères de sa maison magique recèlent, entre autres trésors, les menus de tous les repas (baptêmes, communions, mariages) de sa famille depuis 1880 ! 
Ce préambule pour vous préparer à ce qui suit : il lui arrive régulièrement d’adresser à ses amis des courriers où les qualités littéraires le disputent à un humour qu’Alphonse Allais et les « Zutistes » du Chat Noir n’eussent pas désavoué. 
Je n’en veux pour preuve que ce « Conte de Noël », digne d’un scénario de BD, qu’il vient de publier sur sa page FaceBook… en oubliant toutefois d’en élargir la confidentialité. 
Vous avez dix minutes ? Alors, dégustez, c’est du haut de gamme ” (Serge Llado)
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En prévision des fêtes, voici pour vous un conte de Noël : Allons couper du bois…
Avec mes meilleur(s vœux pour l’année qui vient !

Hier je me suis présenté chez Leprince-Moamême, ( là, j’ai changé le nom du magasin afin qu’on ne le reconnaisse pas … je ne voudrais pas, en plus, me taper un procès !) avec l’intention d’acheter des planches que je ferai recouper bien d’équerre dans cette grande enseigne de bricolage.
Je voulais faire une étagère pour mes toilettes. Attention, je ne suis pas un novice : j’ai déjà construit une quarantaine d’étagères : pour moi, pour de la famille, des amis de la famille, des compagnes. 
Je fais aussi des intérieurs d’armoires de chambre sur mesure . Et ça, c’est un vrai plus : Toutes les compagnes à qui j’ai fait ça, m’ont toutes récompensé de la même façon! Bref, ça fait 50 ans, que je cliente chez Leprince Moamême. Et 22 ans dans le même magasin. C’est dire si je connais les lieux. On ne peut plus me la faire !
Mais surtout, je connais Gilles, le scieur-chef. 
Gilles est un gars bien, qui aime son métier et qui sait caresser le bois dans le sens du poil…. En vingt deux ans, nous avons lié connaissance. Un jour, comme ça, il était à la cafétéria. Il mangeait un sandwich avec une bière. Il m’a tout de suite reconnu, car, ayant construit beaucoup de matériel pour beaucoup de gens, je suis bon client. J’ai demandé si je pouvais m’asseoir et d’un clignement d’yeux, il a dit oui. A la fin, comme cela faisait déjà plusieurs années qu’il me servait bien, voire qu’il m’évitait des erreurs, eh ben, je lui ai réglé sa bière. 
C’était nouveau pour lui. Il m’a dit « c’est scandaleux que vous soyez encore obligé de travailler à votre âge »… et je lui ai répondu « je ne peux pas vivre de la petite retraite de merde que le gouvernement français m’octroie ».
Et là, il a dit « les salauds ! » et il s’est mis brusquement à me tutoyer : 
– Comment tu t’appelles ?
– Jean !
– Ecoute Jeannot, moi, c’est Gilles, voilà ce qu’on va faire : quand tu veux du bois – ça c’est mon numéro de portable- tu me téléphones une heure avant, avec les mesures, et quand tu arrives, tout est prêt. Comme ça tu n’attendras pas à ton âge .On n’a pas le droit de le faire, mais je vais te le faire quand même, mais faut que ça reste entre nous .
Moi, je suis tellement admiratif de son travail, que je l’ai laissé me tutoyer; ça ne me gêne absolument pas qu’on me tutoie, quand j’ai du respect pour la personne qui est en face. Bref, quand on est entre pros…
Et lui, quand il scie des grands panneaux blancs comme neige, et que la scie glisse d’un seul trait avec élégance… si tu rajoutes une musique, tu croies voir du patinage artistique, tellement c’est beau… Et souvent, en fin d’année, je lui glissais un petit billet…
Hier, donc, j’ai voulu aller, faire découper des planches par Gilles.
Il faut dire qu’avec les 18 mois de tournée que je me suis tapé, ça doit faire presque deux ans que je n’avais pas foutu les pieds chez Leprince-Moamême … et là …patatras : tout avait changé !
Je voyais Gilles, mais je ne pouvais plus y accéder : on avait construit un double couloir terminé par une chicane, fermée par une barrière automatique . Un monsieur qui, lui, avait déjà passé la douane et était de l’autre côté m’a dit :
– Vous ne pourrez pas entrer si vous n’avez pas de code-barre. Il faut que vous alliez chercher un code barre sous l’écran qui est là-bas. 
Je suis donc ressorti du couloir avec mon chariot et mes planches de 2.50 m pas faciles à manœuvrer. J’ai fauché un gosse, mais bon, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, et le gosse lui-même avait peut-être un jour, fauché des bonbons, qui sait ?… Alors qu’importe, l’essentiel, c’est d’arriver sous l’écran.
Et là, trônait un beau 50 pouces, avec un fictif bouton vert au milieu. J’ai appuyé, et la fantasmagorie a commencé : c’était Méliès et tous ses trucages qui me sautaient au visage: L’écran a dit : Présentez votre portable à 30 cm de l’écran et vous allez recevoir par Wi-Fi un code barre que vous présenterez devant la petite machine, qui après lecture vous délivrera un numéro de commande de 12 chiffres sur l’écran, plus un numéro d’attente sur un ticket séparé.
Passez le code barre devant le lecteur et entrez le numéro de 12 chiffres sur l’écran, en bref : tirez sur la chevillette, et la barrière cherra. Vous le voyez, on est en plein conte de fée…
Seulement voilà, et là, je sais que vous allez me mépriser, mais pour aller acheter du bois , je n’avais pas pris mon portable…
C’est là, que je me suis rendu compte que je suis un gros CON , mais jusqu’à hier, je ne le savais pas…
Pour couper du bois, j’aurais eu plutôt tendance à me munir d’une scie que d’un portable. 
Madame, take it from me, voilà des lustres que je construis des étagères CONNEMENT, c’est à dire, sans portable :
Je téléphone mes dimensions. Et une heure après, je trouve mes planches bien empilées sur le chariot. Je paie Gilles et je me tire… Temps passé : dix minutes…

Mais ça c’était avant …

Avant que Marcel Leprince et Benjamin Moamême n’engagent un énarque. Et je peux vous le dire : ça a tout changé : On comprend mieux pourquoi ces gens là coûtent des fortunes allah société : désormais, seuls ceux qui ont un portable peuvent se faire découper du bois : c’est quand même plus classe… et puis ça évite les pauvres… Mais je me demande, si, quelque part, ce n’est quand même pas un peu du racisme…
Entre les deux grands écrans, la machine à code barre, le générateur de tickets, plus le programme informatique et l’intervention de l’énarque, on frise sans doute les 500.000 €. Déductibles, bien sûr,.
J’ai donc demandé au Monsieur qui lui, avait passé la frontière, s’il pouvait me prêter son portable, pour que j’ai un code barre moi aussi. Car dans la vie, on a tous le droit d’avoir un code barre. Le mieux ça serait même de l’avoir tatoué sur le bras, comme dans Alfaville de Jean Luc Godard. 
Godard ? un visionnaire, Madame !
Mais le Monsieur a été catégorique : 
Non, non, merci bien, je l’ai fait la semaine dernière pour un type comme vous, et résultat des courses, il m’ont débité sa commande en plus de la mienne et j’ai du tout payer, puis attendre qu’il ait fini ses courses, pour qu’il me rembourse après avoir passé la caisse et comme il n’avait pas de liquide, on a du aller en retirer à la tirette. Alors non, il faut que vous demandiez ça à une personne qui n’achète pas de bois aujourd’hui.
Et là, putain, j’ai encore eu de la chance : Un petit couple hésitait entre plusieurs marques de chants autocollants. Je me suis approché et je leur ai dit : « c’est celui-là le mieux ». Je n’en savais foutre rien, mais en remerciement, j’ai demandé à la dame si elle pouvait me prêter son portable pour que j’ai, moi aussi, un code barre. Elle a tout de suite accepté : Après qu’on ait eu le code barre, la machine lui a demandé son numéro de portable et son Email afin de pouvoir envoyer le numéro de 12 chiffres sur son téléphone… Mais là, elle a perdu son sourire et elle a tout stoppé net. Elle m’a pris par le bras et m’a emmené à l’écart du Monsieur avec lequel elle était : 
– Voilà, vous allez comprendre : le Monsieur qui m’accompagne, n’est pas mon mari, et en plus il ne sait pas que je suis encore mariée , il me croit divorcée, il fait juste des étagères pour ma fille, je ne sais pas si vous comprenez ce que j’essaie de vous dire…
– Si, si, très bien…
– Parce que, voyez vous, j’ai deux copines de bureau qui se sont fait gauler avec leur portable. Et elles sont toutes les deux en plein divorce… et l’une a perdu la garde de ses enfants…à cause qu’elle avait pas effacé certains messages… et là, je ne peux pas prendre risque d’être localisée, car voyez, je ne suis pas censée être chez Leprince Moamême. Mon mari me croit à la manif des gilets jaunes …
Je l’ai chaudement remerciée et me suis mis en quête, d’un sapiteur, d’un chef de rayon, d’un responsable , bref, d’un « quelqu’un » qui pourrait me dire comment en 2018, on peut obtenir un putain de code barre quand on n’a pas de portable. Et après vingt minutes de marche, dans le désert aride des moquettes à poils ras, j’en ai trouvé un. La vie est bien faîte !
– Non, rassurez vous, cher Monsieur, il y a effectivement une procédure. Vous pensez bien ! Retournez à l’accueil, mais sans passer par la case départ, (et sans toucher 20.000 Frs) et demandez Madame Simone Ben Simoun. Elle doit pouvoir vous le faire. C’est Guichet 2, à l’entrée.
Et donc avec mon char à bœufs, je suis retourné à l’accueil. En chemin, j’ai fait tomber une pile de pots de peinture, mais aucun ne s’est ouvert : plus de peur que de mal ! Putain, j’ai eu de la chance !
Au guichet 2, Madame Simone Ben Simoun n’était pas là. Ou bien elle était parti pisser, ou elle était en pause, voire même , vu son âge, en ménopause, ou encore, elle était en train de turluter son chef, comme ça se pratique dans les magasins de bricolage bien tenus… Mais, là, pas d’inquiétude, sa collègue, Madame Josyane, m’a tout de suite rassuré : elle allait revenir « d’un moment à l’autre ». Et effectivement, moins d’un quart d’heure après, Madame Ben Simoun est apparue. Pimpante, bien recoiffée et parfaitement sure d’elle : On aurait dit la caissière d’une charcuterie du 16° arrondissement.
A qui le tour ? Alors, vous, Monsieur, vous voulez rendre les deux chandeliers ? c’est ça ?
Votre nom ?
– Valjean, Jean Valjean.
– Très bien vous habitez où ?
– Montreuil sur Mer, mais en ce moment je campe à Montfermeil, avec d’autres gilets jaunes de ch’nord, chez Patricia, une copine qui tous les matins nous sert une chicorée Leroux…
– Très bien, Suivant…etc…etc…
Juste devant moi, il y avait aussi un pauvre homme sans portable qui voulait se faire couper du bois, ce con…
Je me suis dit « je vais prendre modèle » et j’ai bien fait…
– Alors et nous ,…
– Je voudrais un code barre et un numéro pour faire couper du bois .
– Mais enfin, vous n’avez donc pas de portable ?
– Si, bien sur, mais je l’ai laissé chez moi, …
– Ah oui, mais alors là, NON ! quand même ! Le mieux, c’est de retourner chez vous, vous prenez votre portable et vous revenez … il faut réfléchir un peu dans la vie… quand même !
– Mais j’habite loin…
– Vous êtes venu en voiture quand même ?
– Oui…
– Alors tout va bien, je vais vous garder votre chariot ici, et en vous dépêchant, dans une heure, vous êtes revenu…
Le Monsieur, mauvais joueur, est parti en insultant Madame Ben Simoun et en laissant son chariot sur place.
Je me demande s’il n’est pas un peu raciste …

– A nous !
– Ben moi, je suis comme le Monsieur, mais moi, je n’ai pas de portable.
– Vous voulez dire pas du tout ?
– C’est ça ! Pas du tout. J’ai essayé, car je ne suis pas de mauvaise volonté, mais j’ai les doigts trop gros pour les touches, et en plus j’ai de l’arthrose des doigts et si j’insiste, j’ai la rate qui se dilate…et puis, même mise à fond, je n’entends pas la sonnerie, car, à force d’écouter les politiques, je suis devenu sourd… Alors j’ai cessé : et puis je vais vous dire, j’ai vécu 60 ans sans portable et honnêtement, ça ne me manque pas, je vis ce truc comme un esclavage journalier voire un mouchard perpétuel, alors non, je n’ai pas de portable et puis, avec ma petite retraite, je n’ai pas les moyens d’acheter un truc à 1000 € !
– Pas les moyens, pas les moyens…Nous avons ici, tous les jours des immigrés, qui travaillent dans le bâtiment, et eux, ils ont TOUS un portable à plus de 1000 € ! alors ! A moins que …Holà ! mais j’y pense : Vous n’êtes pas un sans papier quand même ? Attifé comme vous êtes ! vous avez une adresse fixe au moins, hein ? Parce qu’ici, je vous préviens, on ne peut pas vendre à des sans papiers, c’est illégal, hein, vous comprenez ?
– Ah non, j’ai des papiers : je suis français depuis 75 ans et moi, en plus, et vous n’allez pas le croire, mes ancêtres étaient français aussi, Madame Ben Simoun …Voyez…on est entre-soi…
– Oui, tout ça c’est bien beau, mais, j’y pense, vous avez peut-être des enfants ?
– Oui, deux … et j’ai aussi un chien : Emmanuel, mais j’ai du le rebaptiser car dans la rue, les gens lui jetaient des pierres.
– Eh bien tout est arrangé : samedi, vous revenez avec un de vos enfant qui lui, a un portable et …
– J’aimerais bien…mais…
– Mais quoi… S’il ne peut pas se déplacer, qu’il vous le prête, le portable, et puis vous le lui ramenez chez lui après ! il faut réfléchir un peu dans la vie… Quand même !
– Mes enfants habitent Los Angeles
– C’est … oh là ! C’est pas en France ça ?
– Non, c’est en Californie, aux Usa.
– Ah ben vous, vous pouvez dire que vous les collectionnez ! Mais vous n’avez pas au moins un voisin ?
– Non, hélas, je n’ai pas d’amis car je ne parle ni Wolof, ni Bambara, et pour moi, Madame ben Simoun, le Kabyle, c’est de l’Hébreux ! Alors forcement, dans ma banlieue, ça limite… Mais on m’a dit que vous pourriez me donner un code barre pour avoir un ticket. Sinon, je vais écrire à Monsieur Leprince et à Monsieur Moamême pour signaler qu’on n’a pas voulu me donner de code barre. Une lettre recommandée avec AR, et je vais leur dire que, pour avoir mis cette procédure en place, ce sont deux gros cons.
– Ah non, par pitié, ne faîtes pas ça ! On est suffisamment emmerdés comme ça, non , attendez… 
De guerre lasse, la dame a appuyé sur un bouton, et en moins d’une seconde, un ticket avec code barre est sorti. On n’avait seulement perdu 20 minutes et la queue ne s’était augmenté que de 30 personnes . 
Ça aurait pu être pire.
– Surtout, ne perdez pas le ticket , parce que je ne vous ferai pas de double !
– Soyez sans crainte, je vais le mettre dans mon portefeuille, avec ma levée d’écrou…
– Les écrous, c’est stand 4, au bout de l’allée.
– Merci encore. ;
– Suivant…
Et en partant, j’ai entendu très distinctement Madame Simone dire à sa collègue Madame Josyane, ( celle qui culbute Monsieur Leprince lui-même, c’est dire si elle occupe une place enviée dans la boîte… )
– Je ne suis pas raciste, mais les vieux, il y a des jours, j’ai envie de les tuer… 
Mais c’est sans doute parce que je suis surmenée,

Mais tout ça n’a pas entamé ma bonne humeur : J’avais un putain de code barre, avec un putain de numéro à 12 chiffres.+ un putain de numéro d’attente.

Après avoir éborgné trois personnes et un chien d’aveugle, j’ai pu passer la barrière honnêtement. Et arrivé là une borne, et un autre écran se sont éclairés : « entrez votre numéro de facture à 12 chiffres puis votre numéro d’attente » : pour le numéro à 12 chiffres , j’ai du m’y reprendre à plusieurs fois, car j’étais un peu énervé, et au troisième essai, la machine s’ est bloquée.
Mais, après trois appels haut-parleur, l’informaticien de garde est venu me débloquer et, grâce à des rayons lumineux qui tournent sans qu’on les voient, la machine m’a donné un renseignement précieux : vous avez 55 minutes d’attente, vous pouvez lire, mais ne quittez pas votre chariot… sinon, vous devrez reprendre la procédure du début…. J’avais un renseignement de plus : pour faire découper du bois, il faut non seulement un portable mais aussi un livre pour patienter. Il suffit de le savoir… Et petit à petit, mine de rien, j’ai pu enfin arriver jusqu’à Gilles. Enfin, jusqu’à l’aquarium dans lequel on l’a enfermé. Il y a juste un « passe-bois » pour lui donner les panneaux.
Il avait l’air triste, Gilles, parce que maintenant, c’est plus lui qui coupe : il entre les dimensions totales de la planche sur un écran, puis il tape les dimensions des panneaux qu’il veut obtenir et la machine fait le calcul toute seule. Et à l’autre bout il y a les panneaux découpés qui sortent et c’est vrai, ça marche… enfin presque … 
Je dis presque, parce que les planches, quand on les achète, elle sont plaquées sur les chants et donc quand on veut faire des étagère et qu’il y a une chute, il faut la prendre au milieu du panneau afin de conserver intacts les deux chants plaqués des grands côtés, pour faire joli.
Mais l’énarque qui a programmé la machine, ne sait pas ce que c’est qu’un chant, qu’un plan de découpe, lui , il n’a jamais construit d’étagère, il laisse ça aux petites gens, aux laborieux comme moi et comme Gilles et donc ses découpes se font en suivant, et le dernier chant plaqué tombe dans les déchets…et il faut juste re-plaquer après, avec un fer à repasser et du chant thermocollant qu’on achète en plus … c’est juste un peu plus cher et un peu plus long,et un peu plus chiant… mais bon, l’informatique a un prix ! sauf que, quand il voit cela, Gilles est jaune…
Mais je vous l’ai dit : Gilles est un pro. Il s’est fait avoir la première fois, comme tout le monde, parce qu’il ne pensait pas qu’un énarque puisse être aussi con, et puis, il a fait comme d’habitude : La démerde.
Celle des petites gens confrontés toute l’année à l’ absurde, et qui ont appris à le contourner en silence et en serrant les dents. (Et souvent aussi en mordant aussi un peu sur le règlement). Maintenant, Gilles programme tout bien, et après la première coupe, il met la scie en panne, il retourne le panneau avec ses mains, et remet le programme en route. Il a fallu, bien sûr, enlever la sonnette d’alarme qui signale la panne quand la programmation s’arrête, pour éviter que le chef ne vienne toutes les 5 minutes.
Mais maintenant, tout marche bien. C’est juste un peu plus long. Et plus triste aussi.
Mais bon, je ne vais pas me plaindre : je suis arrivé à 15 heures, à 19h 12 j’étais sorti avec mes planches, que j’avais pu faire découper SANS PORTABLE. 
C’est dire si Leprince n’était pas mon cousin…
Et là, dans le parking, allez savoir pourquoi, soudainement, j’ai été pris de panique : je me suis sauvé avant qu’une goule lesbienne, une gorgone affamée, ou un ogre du K.G.B., ne se jette sur moi en me demandant , pour me laisser sortir, mon numéro de portable, mes papiers, mon certificat de baptême, mon livret militaire, mes trois dernières feuilles d’impôt, mes radios du foie, …et mon code barre. En fait, n’ayant pas de diplôme de menuisier, ( je suis juste laqueur) je ne sais pas si j’ai le droit, dans ce pays de merde, de construire une étagère sans portable et sans code barre ! … Parce que, voyez vous, Madame, je ne voudrais quand même pas, allah suite d’un procès truqué, finir un jour en prison ou pire, au cimetière, juste pour avoir assemblé 4 planches sur lesquelles, certains ne manqueront pas, le jour venu, de vouloir mettre, un couvercle …

By docteurJO

Médecin de campagne puis Médecin de ville, acupuncteur, ostéopathe, vice Président de l'I.H.S (Institut Homéopathique scientifique), retraité depuis 2011. Je tiens ce blog qui a pour but de relayer en matière de santé, l'information des lanceurs d'alerte sur l'agriculture, la nutrition, la destruction des écosystèmes planétaires, les dérives de l'industrie pharmaceutiques, etc...

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