Les bactériophages sont à la mode. On nous promet monts et merveilles. C’est vrai et c’est faux. L’exemple type repris par les médias est celui de Serge Fortuna qui après 39 opérations pour tenter de débarasser son corps d’un staphylocoque doré contracté à l’âge de 17 ans et alors qu’ on ne lui avait proposé comme solution que l’amputation, s’est rendu en Géorgie à Tbilissi et a guéri en deux semaines. Car en Géorgie ils pratiquent la thérapeutique par les bactériophages. En gros, à chaque bactérie pathogène correspond un virus capable de tuer cette bactérie. Ce virus est un bactériophage. Son enveloppe est dotée de récepteurs qui reconnaissent une protéine spécifique de la surface bactérienne. Une fois amarré, il produit une enzyme qui perce la paroi cellulaire. le virus injecte alors son ADN qui reprogramme la bactérie pour reproduire de nouveaux virions. La bactérie explose et libère ses agresseurs qui vont attaquer d’autres bactéries en épargnant les cellules saines de l’organisme atteint. En 20 minutes apparaissent au moins 200 bactériophages. Quand toutes les bactéries sont mortes, les bactériophages sont éliminés de l’organisme. 
Si Guillaume Deapardieu était allé à Tlibissi, il n’aurait pas été amputé.
MAIS ce qu’il faut bien comprendre c’est que pour guérir il faut isoler la bactérie pathogène en cause et administrer le bactériophage qui correspond à cette bactérie. C’est une thérapie personnalisé qui n’est PAS BREVETABLE. C’est le seul moyen de guérir.
Par conséquent aucun laboratoire ne peut prétendre vendre une telle thérapie. Le marché des antibiotiques étant en pleine déconfiture, les laboratoires se jettent sur les bactériophages mais vont nous vendre une thérapie à l’efficacité limitée. En effet la jeune start up Pherecydes Pharma va lancer en avril prochain la phase II d’un essai clinique destiné à homologuer un cocktail thérapeutique de bactériophages pour traiter les infections cutanées provoquées par les bactéries E. Coli et le Pyocyanique (Pseudomonas aeruginosa), qui sont la première cause de mortalité chez les grands brûlés à cause de leur résistance aux antibiotiques. Pherecydes Pharma sont des rigolos! Ils font ça uniquement pour se faire du fric car vous l’avez déjà compris, la thérapeutique par les bactériophages connue depuis 1917 et utilisée depuis 1919 (plus de 10 ans avant la pénicilline), est souveraine si vous êtes traité par le virus bactériophage qui correspond à votre bactérie pathogène, comme une clef dans une serrure.
Pherecydes Pharma ne peut pas breveter un tel médicament. Alors ils brevètent ce qu’ils peuvent du moment que ça se vend à coup de publicité. Les bactériophages sous forme de cocktail existaient déjà. C’étaient les amphovaccins qui ont été retirés du marché… Pherecydes Pharma n’a rien inventé. 

MAIS il y a encore mieux en matière de marketing. Toujours dans le domaine de la virothérapie, une patiente a été guérie d’un myélome en phase terminale par l’injection d’un virus modifié de la rougeole. Elle est toujours en rémission. Le virus de la rougeole contamine tel un agent toxique les cellules cancéreuses permettant au système immunitaire de la patiente d’être informé de la présence de ces cellules qu’il ne détecte plus. A partir de cet espoir la société Oncovita et la société Transgène ne cherchent pas à développer des médicaments qui guérissent mais des vaccins qui augmentent sensiblement le taux de survie des patients atteints du cancer. Jusqu’à ce qu’ils mettent sur le marché le médicament qui vous empêchera de mourir mais dont vous serez dépendant.
Dans l’industrie pharmaceutique, on ne guérit pas, on entretient, quand on ne vous laisse pas mourir.