Je me souviens très bien de Pierre FOURNIER et de la GUEULE OUVERTE.
C’est l’époque où le Nouvel Observateur publié un numéro spécial écologie: LA DERNIERE CHANCE DE LA TERRE.
C’était en juillet 1972. Réalisé sous la direction d’Alain HERVE on y trouvait des articles d’Edgar MORIN, Théodore MONOD, Michel BOSQUET, Bernard GUETTA, Franz-Olivier GIESBERT, Catherine DREYFUS, Patricia GAUTIER, Yann BURLOT.

Michel BOSQUET écrivait: Il a fallu trente siècles à l’humanité pour prendre son élan; il lui reste trente ans pour freiner avant le précipice.
Cela fera quarante ans en 2014…

La Terre: It’s the only one we’ve got…

http://lgopje.free.fr/la_gueule_ouverte_fournier_p.htm

Pierre FOURNIER, un écolo comme on n’en fait plus, et surtout un homme en colère.

Pierre FOURNIER est mort d’une malformation cardiaque le 15 février 1973, il avait 36 ans. Pamphlétaire, militant pacifiste, précurseur du mouvement écologiste, que serait devenu FOURNIER si son coeur ne l’avait pas lâché ?
Né en 1937 en Savoie, ses parents instituteurs sont des amis du pédagogue Célestin FREINET. Aussi commence-t-il tout naturellement sa carrière de dessinateur à l’âge de 12 ans dans la presse du mouvement FREINET.
Rédacteur et dessinateur à Hara-Kiri puis Charlie-Hebdo, il s’efforçait de prévenir ses contemporains des dangers du nucléaire tout en se faisant le chantre d’une écologie radicale et libertaire.
Il finira par lancer son propre canard en 1972, La Gueule Ouverte, “le journal qui annonce la fin du monde”, avec pour collaborateurs des types comme Cabu, Reiser, Gébé, Bernard Charbonneau, Emile Prémilieu, Philippe Lebreton… Il n’aura le temps de publier que 3 numéros avant de mourir, mais le titre survivra à son fondateur. En 1974, La Gueule Ouverte deviendra hebdomadaire sous la direction d’Isabelle CABUT, puis fusionnera en 1977 avec Combat Non Violent.
Après avoir fait Art-Déco, il débute une obscure carrière de gratte-papier à la Caisse des dépôts et consignations où il noircit des carbones. Mais le fonctionnaire anonyme et affable se transforme, dans le débat public, en un intégriste de la cause écolo, pourfendant, avec la brutalité d’un homme qui ne s’embarasse pas de nuances devant l’urgence de la tâche, les charlatans de la modernité qui endorment la conscience de leurs concitoyens.
“Quand j’entends le mot spécialiste, écrira-t-il, je sors mon révolver. Si le spécialiste est éminent, je tire”.
“On s’enferme dans l’anti-pollution, constate-t-il en 1973. Jamais on ne remonte aux causes. Jamais on va assez loin, ni dans l’information, ni dans l’explication”.